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Micron, du rififi chez les puces

Etats-Unis, Chine …. quand les puces s’en mêlent !

Micron Technology Inc., entreprise américaine spécialisée dans la fabrication de produits de mémoire et de solutions de stockage de données, fondée en 1978, est devenue l’un des principaux fabricants mondiaux de semi-conducteurs, avec une expertise particulière dans les mémoires DRAM (Dynamic Random Access Memory) et NAND flash, et un chiffre d’affaires de 21.44 M de dollars en 2020.

Les produits Micron sont utilisés notamment dans les ordinateurs, les serveurs, les smartphones, les tablettes, les systèmes embarqués et les infrastructures de réseau, etc.

Micron fournit à la fois des produits et des solutions pour les entreprises et les partenaires de l’industrie et possédait une chaîne d’approvisionnement mondiale et des installations de fabrication dans plusieurs pays, y compris les Etats-Unis , la Chine, le Japon, Singapour, ….

Retard chinois persistent malgré des efforts

Depuis sa création Micron Technology Inc., qui joue un rôle majeur dans l’industrie des semi-conducteurs, continue d’innover pour répondre aux besoins croissants en matière de stockage de données et de performances informatiques, était devenue l’un des leaders et des principaux fabricants mondiaux de semi-conducteurs.

La Chine avait alors intensifié ses efforts pour développer à son tour son industrie des semi-conducteurs et réduire sa dépendance vis-à-vis des importations.

Cependant, malgré tous ses efforts, l’industrie chinoise des puces électroniques restait en retard par rapport à ses homologues américains et taïwanais alors même qu’en raison de sa taille et de sa croissance économique rapide la Chine était devenue l’un des marché les plus importants pour l’industrie des semi-conducteurs.

Micron avait donc de grands intérêts commerciaux en Chine en vendant ses produits aux fabricants d’appareils électroniques chinois.

En 2022, le marché chinois représentait environ 1/10ème du CA de l’entreprise.

Victime collatérale

Mais la crise entre Micron et la Chine a mis en lumière les profondes tensions qui se sont accumulées dans le domaine des semi-conducteurs.

Les autorités chinoises ont alors opté pour une stratégie agressive d’acquisition des technologies et des propriétés intellectuelles étrangères pour combler cet écart. L’américain Micron est devenu un sujet de discorde, une victime collatérale, entre les deux puissances et une cible majeure pour la Chine.

Cette crise a mis en évidence les enjeux économiques, technologiques et géopolitiques auxquels sont confrontés les deux pays et les relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine dans le domaine des semi-conducteurs ont été soumises à des tensions et à des restrictions.

Les gouvernements américains et chinois ont alors mis en place des politiques visant à protéger leurs industries et technologies respectives et à garantir la sécurité nationale de chaque pays.

Dès 2018, le gouvernement américain a imposé des restrictions commerciales à l’entreprise chinoise ZTE en raison de violations présumées des sanctions américaines contre l’Iran et la Corée du Nord., et en accusant des sociétés chinoises de vol de propriété intellectuelle et de pratiques anticoncurrentielles. Logiquement les fournisseurs américains de ZTE, dont Micron, ont vu leurs ventes à ZTE diminuer.

Les tensions se sont intensifiées lorsque Micron a également porté plainte contre Fujian Jinhua Integrated Circuit Co. Ltd., alléguant la violation de ses brevets et le vol de secrets commerciaux.

En 2020, le gouvernement américain a ajouté Huawei, l’un des plus grands fabricants d’équipements de télécommunications chinois, à sa liste d’exclusion, restreignant ainsi l’accès de Huawei aux technologies et aux fournisseurs américains, dont Micron Technology.

En représailles, la Chine a répliqué en lançant une enquête anti-dumping contre Micron et d’autres entreprises étrangères, dont le coréen Samsung Electronics, principal concurrent de Micron, prétendant qu’elles manipulaient les prix pour nuire à l’industrie chinoise des semi-conducteurs.

Enfin lundi dernier, Micron a échoué à une enquête de sécurité nationale en Chine.

En effet, l’organisme chinois de surveillance de la cybersécurité, le Bureau de la Commission Centrale des Affaires du Cyberespace, en vertu des lois chinoises sur la sécurité nationale et la lutte contre le cyber espionnage, a désormais interdit à tous les opérateurs d’infrastructures clés chinois de commander des puces à l’américain Micron.

Perspectives commerciales et diplomatiques

Ces restrictions sur les ventes de produits Micron en Chine, vont donc avoir un impact significatif sur les revenus et les parts de marché de l’entreprise.

Micron continue cependant à investir dans la recherche et le développement des nouvelles technologies et produits pour rester compétitif sur le marché mondial des semi-conducteur et intensifie ses efforts pour développer des mémoires et des puces de pointe, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, du Cloud et des véhicules autonomes.

Pour les États-Unis, cette crise met en évidence les défis posés par la montée en puissance de la Chine dans le domaine des semi-conducteurs. Depuis plusieurs années les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour protéger leur leadership technologique et ont mis en place des mesures visant à restreindre les exportations de technologies sensibles vers la Chine mais les puces chinoises se ‘vengent’.

Ce n’est bien sûr, qu’un des premiers épisodes de la guerre d’influence mondiale à laquelle se livrent la Chine et les Etats-Unis. Comme dit dans les séries : « à suivre ».